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La partition de la trahison. Paroles Bella NITOUCHE - Orchestre ONSETAIT, sous la direction du Dr.DEDIEU |
J’ai finalement récupéré mon fils avec un peu de retard. Sympa, il n’a rien dit.
Après le déjeuner, un moment de détente à faire les mots croisés, je m’assoupis sans trouver le mot en huit lettres qui commence par un « B ».
Ensuite re-voiture pour aller faire les courses. Les sempiternelles courses sans lesquelles un samedi ne mériterait pas son nom.
Le supermarché avec sa foule uniforme et grouillante, au milieu de laquelle des milliers de visages aux traits tirés, et autant de corps perdus, se rencontrent et se croisent sans se toucher.
Des milliers de regards inexorablement attirés par les rayons colorés et surabondants. Agencement rusé des produits qui attirent l'oeil et vident les portes-monaies..
Des dizaines de caddies grillagés, mollement poussés par des messieurs venus là, par pure obligation et qui traînent leur ennui hebdomadaire en cherchant du regard celle qui choisit, décide, disparaît, revient, dépose,et repart aussitôt pour rejoindre la cohorte des fourmis besogneuses qui font la même choses.
Fond musical régulièrement déchiré par les annonces promotionnelles tonitruantes qui veulent détourner le client de sa liste préfabriquée sur laquelle est noté avec conviction l’indispensable, seulement l’indispensable.
Enfin, la ligne de caisse où semblent répliquées à l’infini les caissières, vestales du lieu, qui entre deux sourires, font crépiter sans fin les caisses gloutonnes et insatiables du temple de la vie chère.
La voiture, toujours sans radio me semble être un havre de paix. Contact, pilote automatique retour vers la maison.
Maintenant, c’est juré, je ne bouge plus.
Je ne bouge pas beaucoup, c’est vrai mais je ne décroche pas complètement du boulot.
Comme hier soir, je continue d’être habitée par ONSETAIT et tous ses vilains lutins.
Pourtant les enfants sont là, gais lurons, aimants, attentionnés, drôles…ils savent que je suis soucieuse mais font comme si…
Mon portable sonne, je déteste, mais du fait de l’environnement familial, je m’empresse de décrocher…
C’est X.
J’attends, tendue ces premières paroles, j’attends la suite et là, stupeur, c’est la douche froide.
Elle m’apprend que Bella NITOUCHE a porté plainte à la gendarmerie ! C’est impossible, c’est une mauvaise blague ! Mais pour quels motifs a-t-elle porté plainte ? Comment ça pour coups et blessures ! mais c’est impossible, je ne l’ai pas touché…c’est une farce…Non, non ce n’est pas une blague Elma, ce n’est pas une blague et ceci constitue une grave menace pour votre avenir à « ONSETAIT ».
Le ton est grave, froid comme le couteau qui va couper mes liens anciens avec BELLA, mais bientôt avec mon travail.
Non nous quittons sobrement et tristement.
Mon petit monde se fissure et va finir par tomber en poussière, un peu comme dans les bandes dessinées, mais là je ne ris pas.
Je suis envahie par une révolte qui vient du plus profond de moi.
Les bras m’en tombent, je suis scotchée, littéralement sur le c...
Et là, je te le donne en mille lecteur interdit, je n’ose même pas te l’avouer, une idée saugrenue me traverse le cerveau :
Je pense que le docteur DEDIEU va m’aider à passer ce mauvais moment.
Non seulement il va m’aider mais en plus il va passer un savon à Bella pour avoir réagit comme une petite écervelée.
Le docteur DEDIEU ne supportera pas l’intrusion de tierce partie dans la résolution de problèmes liés à ONSETAIT.
Mettre l’incident sur la place publique, porter plainte à la police pour un incident de travail, qui devait se régler en interne, ça c’est une faute que le docteur ne laissera pas impunie.
Une parenthèse: J’ai été virée à la suite de cela, vous connaissez la fin.
Mais ce que vous ne savez pas c’est la complexité et l’intensité douloureuse des sentiments qui me traversent.
Plus particulièrement envers Bella, cette garce de Bella.
10 ans que je la connaissais Bella, 10 ans que je ne la connaissais pas !
Aujourd’hui je lui en veux terriblement d’avoir insécurisé ma famille par cette vengeance disproportionnée et vicieuse.
Je lui en veux, de m’avoir précipitée, alors que j’ai 48 ans, au milieu de deux millions de chômeurs.
Je lui en veux d’avoir menti – car elle a menti - et sur mon lit de mort je dirai qu’elle a menti
Je lui en veux d’avoir tout mélangé.
Mélangé le silence et le mépris, l’injustice et l’exigence professionnelle, la rigueur et le caprice.
Tu n’as rien compris Bella, et moi je n’ai pas compris que tu n’étais pas capable de faire un minimum la part des choses.
Je t’ai donné trop de crédit
Une amitié s’est écroulée sur elle-même, engloutie comme dans un trou noir. Comment pourrait-il en être autrement ?
Je ferai le deuil Bella, de toi et de tes maîtres.
Un jour, les images du passé ne me feront plus mal.
Les bons moments passés ensemble, les fous rires, les souvenirs de ton mariage, le tintement des verres qui se touchent, les moments chez moi avec mes enfants, ton arrivée à ONSETAIT, tous ces flash qui me tuent aujourd’hui, je les oublierai, j’en ferai mon deuil.
Maintenant c'est le temps des larmes. Des flots de larmes me submergent, elles s’échappent de moi sans que je puisse et sans que je veuille vraiment les retenir.
Merci à mon corps qui réagit, je laisse couler les larmes qui lavent mon dégoût, ma révolte et ma peine.
Dans la mer de larmes quelques îlots de douceur.
Merci à mes amis qui sont là au bon moment.
Merci à mes parents de m’avoir appris a être debout et à mes enfants qui me donnent l’envie de rester droite.
Ils me connaissent bien et depuis longtemps ceux qui sont autour de moi. Aucun ne s’aventurera à me dire que «comme d’habitude, je me suis faite avoir »
Non, ils ne le diront pas parce qu’ils savent que malgré l’énorme souffrance qui me brise aujourd’hui, je ne changerai pas.
Un jour homme ou une femme, un autre inconnu viendra vers moi pour devenir mon ami.
Je ne lui fermerai pas mon cœur à cause de toi.
Je ne m’interrogerai pas trop longtemps, avant de lui ouvrir ma porte et je lui donnerai ma confiance à nouveau.
Plutôt prendre le risque de la trahison que de vivre une nouvelle relation dans laquelle le soupçon prend le pas sur la confiance et sur le don de soi.
Non Bella, tu n’auras pas réussi à polluer dans mon cœur l’image de l’amitié ; ma vie ne deviendra pas grise à cause de toi.
Dimanche :
L’invraisemblable réaction de Bella NITOUCCHE continue à m’occuper l’esprit.
A vrai dire, je me trouve gravement optimiste, pour ne pas dire prétentieuse, pour avoir cru que le schisme qui produit dans le travail n’arriverait pas à rompre définitivement notre relation amicale.
Pour ma part, même au moment les plus chaotiques de notre relation, j’ai répondu présente à chaque fois quand Bella voulait bien m’informer de ses difficultés personnelles (et non pas professionnelle).
C’est vrai que dans le boulot, le copinage, ce n’est pas mon truc mais dans l’amitié le « boulotage » n’existe pas non plus.
Les antagonismes qui peuvent naître dans le travail n’interfèrent pas complètement avec les sentiments que je peux avoir pour une personne.
J’arrive assez bien, même si c’est un peu compliqué, à faire la part des choses. Je sais mettre le couvercle sur les divergences pour garder une oreille suffisamment attentive et ça, pour beaucoup, c’est difficile à intégrer.
Mais là non plus, je ne veux pas changer
Je continuerai contre vents et marées à dire ce qui me semble être bon ou mauvais pour l’entreprise. En matière de comptabilité ou de gestion, la rigueur et la prudence s’imposent souvent.
J’ai toujours considéré que mon travail était un engagement et qu’il était de mon devoir d’anticiper les problèmes comptables ou de gestion et bien sûr de les pointer du doigt quand ils apparaissaient.
Alors bien sûr qu’on ne voit pas en moi l’hirondelle qui fait le printemps. On ne me prend pas toujours pour une grande facétieuse et pour une vraie rigolote.
Non, moi c’est plutôt le genre oiseau de mauvais augure, grande prêtresse des catas, rabat-joie de service.
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Gentilles hirondelles qui annoncent les beaux jours |
Oiseaux de mauvais augures, amis des comptables |
Moi je donne souvent, parce qu’on m’en donne l’occasion, dans la « chronique des difficultés prévisibles » C’est sûr comme dirait mon fils, « voilà comme ça casse l’ambiance… »
Vous avouerez que comptable c’est un métier de mer..
Finalement, sur ce point, il disait vrai mon ex, c’est un métier ingrat.
Être à la hauteur de ses fonctions c’est inévitablement prendre le risque d’être ennuyeuse. Quand les résultats sont bons, impossible de ne pas plomber l’atmosphère en préconisant telle provision. Ce qui va écorcher la trésorerie et par-là même les alléchantes perspectives d’augmentations ou les prises de dividendes.
Quand ils sont moins brillants, et que la mauvaise nouvelle a pourtant été précédée de multiples mises en garde, vous n’en demeurez pas moins le sinistre corbeau, perché sur sa branche qui contemple les ruines.
Ce serait bien d’équiper les comptables de jolis grelots qui permettraient à certains de les entendre de loin, pour mieux les éviter.
A cause de cela, j’ai pris l’habitude de tourner les choses en dérision.
C’est une attitude défensive selon DEDIEU. Il a raison.
Il faudrait que je puisse comme lui, dire des choses plus savantes et plus intéressantes, mais ce n’est pas mon domaine de compétence.
Moi c’est la compta... c’est con hein ?
Ça ne va pas fort, je passe un coup de fil à madame Danielle (Je rappelle que c’est ma psy) parce que je sens qu’il faut aider ma foi en la vie et me protéger.
Madame Danielle me donne quelques indications et me demande de passer le lendemain. Elle souhaite encore une fois me mettre en arrêt maladie.
Je lui confirme ma visite pour le lendemain après-midi car il faut que je vois mon équipe le matin pour faire le point, et leur laisser des consignes… décidemment je suis vraiment co...
Fin du week-end.