Le tribunal des médecins...

Vendredi , deux jours aprés l'incident...

La journée commence mal, migraine insupportable, rendez-vous d’urgence chez l’osthéo (mon guérisseur des maux de têtes).

Arrivée au boulot à 10 heures, mais j’avais prévenu l’accueil.

Je me trouve à la hauteur de mon bureau quand je croise le Docteur CHAUSSURE qui me dit :

- « Elma, nous vous attendons mes associés et moi dans le bureau du Docteur DEDIEU, maintenant ».

Voici venu le temps des explications me dis-je en moi-même.

Je dépose mes affaires dans mon bureau et je me rends immédiatement chez DEDIEU.

Je tape à la porte.

Les docteurs DEDIEU, CHAUSSURE et COURAGE sont assis en demi-cercle face à une chaise vide qui de toute évidence, m’est destinée.

Je m’entends bien avec le Docteur COURAGE, sa présence me rassure. Les deux autres sont moins avenants. La disposition des sièges, l’ambiance me dit que l’heure est grave.

Je m’assoie et Docteur DEDIEU commence immédiatement en relatant des faits qui se sont produits dix années avant, au tout début de mes fonctions à la clinique.
A ce moment là sévissait, à la direction administrative un ami de DEDIEU, Monsieur LEJOUE qui avait réussi à faire l’unanimité du personnel contre lui.
Moi-même, qui un temps avais eu de bonnes relations avec lui, avais du déchanter face au  comportement outrancier qu’il s’autorisait à mon encontre, jusque devant mes collègues. ( il y avait des témoins cette  fois là, c'était difficile de faire l'autruche )

Finalement Monsieur LEJOUE avait été licencié...dans la douleur pour certain.
J'écoute DEDIEU parler sans comprendre immédiatement ce rappel à des évènements sur lesquels j'avais tourné la page.
Il évoque LEJOUE et fait des rapprochement avec Madame  PARACHUTE, l'actuelle Directrice.
Tout cela est assez confus, mais je comprends vaguement qu’il me reproche de n’avoir pas supporté autrefois l’autorité de cet homme, comme je n'aurais pas supporté non plus aujourd’hui la Direction de Victorine PARACHUTE.

Etrange, en temps normal j'accepte bien la direction venant de personnes qui ont de vraies compétences managériales...

Il parle de façon alambiquée, il ne veut pas appeler un chat, un chat; je me demande toujours où il veut en venir.

On évoque enfin l’incident qui m’a opposé à Bella deux jours avant.

J’expose les faits, mais dans un coin de ma tête, je continue à me demander pourquoi il m’a parlé de LEJOUE, son vieux copain.

Par moment l’émotion est si forte face à ces médecins réunis en tribunal, que je ne peux empêcher mon récit d’être entrecoupé de sanglots.

Au fur et à mesure, que je parle, je comprends que le licenciement de son vieux copain LEJOUE c’est le péché originel !

Il fait un amalgame entre l’incident avec Bella, les difficultés rencontrées avec Mme PARACHUTE et le départ de son regretté copain qu’il a toujours en travers.

Mais on s'impatiente un peu, on voudrait bien que je passe aux aveux et que je confesse enfin mon ignominie, que je reconnaisse avoir agressé la pauvre Bella NITOUCHE.

Bizarrement c’est le Docteur CHAUSSURE qui veut absolument m’entendre dire que j’ai agressé celle qui semble être devenue sa protégée.
Devant son insistance, j’ai finalement répondu un peu agacée que j’aurais aussi bien fait de lui mettre une tarte (au vu des conséquences que l’évènement était en train de prendre).

Tu verras cher lecteur que cette phrase, dans l’oreille du bon Docteur, est devenue quasiment un aveux.

Mais je n’avoue rien puisqu’il n’y a pas eu d’agression physique de ma part, c’est pourtant simple.

Mais ce refus de céder, d’avouer ce qu’ils avaient décidé de me faire supporter, c’est insupportable pour eux.

Ce serait tellement confortable d’obtenir ces aveux.
Cela simplifierait bien les choses : une victime, une coupable, deux justiciers bien paternels qui pourraient me consoler, tout en regrettant douloureusement d’être obligés me pousser hors de l’entreprise.

Non, ce n’est pas parce que je suis submergée par l’émotion que je vais me suicider, en avouant quelque chose qui m’est étranger. Non, je n’ai pas agressé physiquement miss NITOUCHE, désolée de dire la vérité.

Le Docteur CHAUSSURE a les yeux rivés au sol, le Docteur COURAGE est consterné, son visage reflète une sincère douleur, il est évident qu’elle ( c'est une femme) donnerait beaucoup pour ne pas avoir a supporter cela. Le Docteur DEDIEU quand à lui, n’a pas renoncé à son attitude paternaliste.

Peut importe j’ai compris d’une façon très claire que j’allais être licenciée et je leur en fait part.

Le bon Docteur CHAUSSURE s’empresse de me répondre :

- "Nous n’avons jamais dit cela"

-" C’est pourtant ce que j’ai cru entendre… " ai-je alors répondu hébétée.

Je ne comprend pas, je suis pourtant sure de leurs intentions. L’attitude, le comportement des Dr. CHAUSSURE et DEDIEU disent l’inverse de leurs paroles. L’avenir va me montrer combien j’ai raison.

Pour l’heure, je suis remerciée et je pars en pensant alors que le problème sera réglé différemment, probablement par une confrontation  avec Bella NITOUCHE. ( Au fait pourquoi n'y a-t'il pas eu de confrontation. C'est souvent révélateur une confrontation...pardon ça se fait pas ici...j'suis vraiment naïve...)

Pas aujourd'hui de toute façon car Bella, qui riait aux éclats hier jeudi, est aujourd'hui en arrêt de travail. Vous devinez pas pourquoi ?

nb:

• Certains disent que c'est normal d'être en arrêt de travail, quand on a été agressé moralement et physiquement...C'est vrai quoi ! Faut bien quelques jours pour récupérer. Moi je dis que c'est logique: Agression, plainte,arrêt de travail...normal.
  

• Mon ex qui se prend pour un psy, croit que Mlle NITOUCHE a été conseillée dans toute cette affaire. Il pense même que ça pourrait être des médecins. Il m'a même dit que si le Dr. CHAUSSURE tenait tant à des aveux, c'est parce que ça soulagerait sa conscience. Il exagère toujours mon ex...j'ai bien fait de le quitter !

  

  "Naïve", l'eau bénite du Père DEDIEU
  

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