Une journée comme les autres

L'incident s'étant produit au cours de la matinée, malgré la contrariété j'ai essayé de me remettre à ma tâche.J'ai su vers 12h30 que le docteur DEDIEU était au courant de l'incident.
J'ai compris, à ce moment là, que le Docteur DEDIEU avait forcément été informé par BELLA, qui avait préféré le rencontrer seul afin d'utiliser cet incident à son avantage.
Toute l'après-midi, j'ai attendu que l'on sollicite mon explication...
La journée finissant, je suis rentrée chez moi en me disant qu'une fois de plus je ne pourrais obtenir d'être entendue.

Le lendemain, Jeudi,  j'avais heureusement un rendez-vous chez ma Psy.
je la vois depuis un moment Madame DANIELLE, elle m'aide à supporter la grisaille de mon travail, les mines compassées de la plupart des médecins, la tranquille indolence de certains cadres.
Je lui raconte...
Elle ne me trouve pas en forme Madame DANIELLE :

- « Je ne vous trouve pas bien Mme DERANGE,  je voudrais vous arrêter quelques jours.»

C'est vrai qu'en ce moment les choses ne sont pas faciles :
Sans vouloir tomber dans le pathos j'élève seule deux enfants charmants, qui se construisent comme ils peuvent, parfois avec moi,  souvent en opposition...
J'assume le rôle ingrat de la mère dans la construction de ses propres enfants. La mère omniprésente, envahissante, mais pas assez près des enfants...la mère tentaculaire, protectrice jusqu'à l'assistanat mais finalement jamais là quand il faudrait...bref une mère parmi tant d'autres. Mais finalement une maman tellement heureuse d'avoir ces deux là.
Le papa des enfants vit dans la même ville, mais pas dans la même maison. Un grand classique de la sociologie contemporaine semble t'il.
Nous sommes séparés depuis plusieurs années et Il a été victime d'un cancer il y a un an.
Maintenant il est en rémission (c'est la bonne nouvelle !), mais il reste fatigué et sans les moyens financiers nécessaires pour participer aux charges.
Ensuite mon propre père se bat lui aussi avec un cancer avancé.
Pour finir, mon boulot me cause beaucoup de soucis: des collègues qui n'ont pas la même vision que moi du travail accompli, des supérieurs dont on attend un coup de main qui n'arrive jamais...

Alors cher lecteur ceci peut-il, selon toi, expliquer la fréquentation assidue d'une psy ?

Pendant ce temps là Mme Danielle attend...
Je vois bien qu'elle se fait du souci et qu'elle souhaite vraiment un break pour moi.
Et moi,  pauvre pomme, victime de ma bonne éducation, victime de ma conscience professionnelle, je réponds :

- « Non, pas pour le moment je suis en période fiscale... c'est difficile... c'est pas le moment...si les choses ne s'arrangent pas, on verra... »
Je pars du cabinet avec une ordonnance pour des petites pilules qui rendent la vie plus drôle.
A ce moment là, je ne peux pas savoir comme il aurait été bien que j'écoute Danielle, mais c'est trop tard, je suis dans la voiture. Je mets la clef dans le contact, je râle d'avoir perdu depuis des mois la façade de mon autoradio, je boucle ma ceinture et je roule vers mon destin.

Arrivée dans mon bureau, j'effectue difficilement mon travail quotidien
Au cours de la journée, sur les conseil d'un ami qui juge nécessaire que ma voie soit entendue, je rédige un courrier à l’attention des associés.
Je n’ai pu m’empêcher de pleurer en l’écrivant (je ne me rappelle plus exactement son contenu, mais entre autre, je déplorais le silence pesant qui accompagnait trop souvent mes demandes).
Je l’ai transmis dans la matinée.
La journée se passe comme les autres journées, c'est-à-dire avec différents échanges, notamment avec le Docteur CHAUSSURE, Madame PARACHUTE et bien d’autres… Je te rappelle cher lecteur que nous sommes le lendemain de l’incident et tiens à te rassurer sur l’état de santé de Bella NITOUCHE qui rit à gorges déployées dans la salle des rencontres.
A la fin de la journée, je constate qu’une fois de plus le silence est une forme de réponse à un événement qui selon moi, aurait mérité d’être évoqué et discuté

Je le re-dis encore une fois lecteur étourdi, cette histoire purement imaginaire se déroule dans les années 90, dans une entreprise fictive avec des personnes nées de l'esprit trop imaginatif de l'auteur.Tu comprends bien, cher lecteur, que toute ressemblance avec des personnes ou des évènements existants ou ayant existés ne pourrait être que coïncidence tout à fait fortuite et indépendante de la bonne volonté de celle qui écrit ici. Toute ressemblance avec la réalité est à imputer à celle-ci.

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